mardi 25 juin 2013

"Non, j'ai un copain"




J'en étais sûre. Déjà pendant mes années d'adolescence revêche, je ne rejetais jamais des avances importunes en évoquant un petit ami, réel ou imaginaire. Je tenais à ce que l'indésirable sache que je refusais ses avances car je n’étais pas attirée par lui, et que ma réponse aurait été la même sur une île déserte après des mois d'abstinence. 
Or une femme qui invoque son seul manque d'appétence est moins prise au sérieux que la femme "casée", qui appartient à quelqu'un d'autre. Même si, selon certains témoignages, on peut entendre des parades comme "je ne suis pas jaloux". On en revient toujours au même point.

Un désir, une volonté, une initiative qui n’appartient qu’à elle peut, dans l’esprit d’un homme, toujours être infléchi. « Femme qui dit non veut dire peut-être », dit un adage fort spirituel. Kheiron, l’ami séducteur du héros de Bref, est interviewé en tant qu’expert de la drague. Il énonce qu’un homme doit « transformer le « non » en « oui » ». On comprend mieux comme il est difficile pour une femme de se faire entendre, en séduction comme dans d’autres domaines.

Et si les femmes osaient dire oui ? Les hommes ne pourraient plus se servir du prétexte du malentendu et du « ah bon, tu ne voulais pas ? ». Ils ne s’excuseraient plus d’un « on ne sait jamais quand une femme veut ou non » ou d’un « certaines femmes aiment être agressées ». Phrases réellement entendues de la bouche de jeunes gens bien éduqués.

Sans culpabilité de la part des femmes, sans négation de l’autre de la part des hommes, le désir doit être accepté et valorisé chez les deux sexes.
Comme le dit Clémentine Autain dans la préface du livre "Elles se manifestent" (éditions Don Quichotte) :

« Exprimer ou respecter un "non", c’est donner plus de saveur au "oui". Loin de l’imposition d’une volonté univoque et de la quête d’une possession de l’autre, le moteur des relations sentimentales et sexuelles devrait reposer sur la recherche du désir de l’autre, pour enclencher un cercle vertueux : plus tu me désires, plus je te désire, plus tu me désires, etc. Je crois profondément que cette vision est démultiplicatrice de l’envie, du plaisir, du fantasme. »

Citée dans le Nouvel Obs. 











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